La Canourgue en Lozère (Occitanie)

La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre en Lozère (Occitanie). Chemins de randonnées: GR®6, GR®60 et Tour du Causse Sauveterre.

 

La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre

1 La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre en Lozère

2 La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre en LozèreLe Massegros, causse de Sauveterre. Noyé dans le brouillard de novembre, le petit village de Lozère semblait complètement engourdi lorsque le moteur de notre véhicule stoppa devant la maison de Roger. Ce grand gaillard est déjà sur le seuil (mais je le soupçonne d'y avoir fait planton) bras en avant pour nous accueillir et nous inviter à vite pénétrer à l'intérieur de la grosse bâtisse en granit couverte de vieilles lauses moirées de lichen et de siècles écoulés. Seule la neige paraît troubler le bonheur d'une rencontre mais pour nous au contraire ce n'est qu'un coup de pinceau sur la toile campagnarde.

Quelques marches anciennes, humides, en grés du pays, ayant été rapidement avalées par notre impatience et avant que le parfum de la soupe au lard qui mijote dans le coin de la grande cheminée nous accapare entièrement, notre grand plaisir fut de saluer son épouse : tablier à la taille, cheveux tirés mais avec une certaine élégance, casseroles et cuillers en batterie. La cuisinière au travail, l'hôtesse à son charmant devoir ; Madeleine dans toute sa splendeur. Une bonne chaleur de feu de bois ramassé au bout du clos entourant la maison, finie par nous envahir. Nous nous sentons bien dans cette immense cuisine au plafond en pierres apparentes comme les murs, mais voûté. Accueillante aussi la grande table en vieux bois massif ; du merisier je crois et près de dix mètres de long, où le couvert était déjà soigneusement installé autour d'un gros pain de seigle rond et croustillant, cuit dans la semaine au four communale niché près d'un platane sur la place du patelin. Il faut dire qu'ici ils sont encore quelques-uns à perpétuer cette ancestrale habitude. Ce qui pourrait sembler des discussions d'usage ou de politesse prend dans ce foyer, au cœur de la Lozère, un caractère amical et les banalités avaient un accent d'amitié.

3 La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre en LozèreRoger toujours affable court du feu à nos chaises expliquant maintes activités de la semaine qui justifient fort bien sa carrure et son teint rougeaud. Quelle santé ! et quelle simplicité ! Nous sommes loin des chichis et des inutilités de quelques citadins se croyant mieux placés. Une main calleuse tendue pour toute offrande vaut mieux qu'un de ces présents sans sourire et sans trace de sincérité. Mais dans cette atmosphère, où même par-dessus nos rires et nos discours animés le tic-tac de la grande horloge règle chaque geste, chaque intonation, comme le cœur de toutes ces pierres, il manque encore quelqu'un ; nous attendons quelqu'un.

La Lozère a ceci, non pas de particulier, mais d'extrêmement riche, d'extrêmement embellissant : à chaque coin de bois, à chaque orée de village, à chaque angle de maison, on est en présence de la nature vraie dans sa pure origine et elle a su garder grâce à ses habitants ce que la nostalgie de notre enfance nous ressasse sans cesse, elle a su garder le goût encore sauvage qui donne à la nature et à la vie un visage parfait. Nous étions venus ici découvrir par le récit et le tableau naturel du pays, écouter donc avec notre âme et tout notre être, comment en Lozère on chasse encore la grive, et nous étions déjà imprégnés. Mais la chasse sans permis ; la chasse des anciens, pour manger ; la chasse à la braconne, ancestrale, qui pourtant paraît la seule chasse naturelle : pas de fusils, pas de permis, simplement l'homme du terroir qui veut manger et qui invente et qui ruse. Et la bête qui elle aussi pour manger n'aura de chance d'en réchapper que grâce à son habileté ou à un peu de malice. La nature quoi la seule raison de chasser.

4 La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre en LozèreLa table est donc prête, le dîner tenu au chaud dans un mélange d'arômes et de fumets qui aurait lui aussi bien compromis les messes basses de dom Balaguères. Le soir venait d'envahir le moindre recoin de Soulages et les petites lampes des angles des maisons, dans ce village de 25 familles, brillent comme de frileuses lucioles ayant la garde d'un trésor.

Il est vrai qu'en plein cœur du causse Sauveterre, à une enjambée paysanne de Séverac-le-Château en coupant par Le Massegros, le petit bourg ne se remarque que par ses maisons typiques en pierre et par les fumerolles des cheminées presque toujours en service.

Après un petit verre de vin à la châtaigne confectionné par Roger lui-même il était bien temps de se mettre à table et il nous Fallait donc maintenant aller chercher Gaston. Car dans tous ces pays "hors villes" l'amitié et le bon voisinage sont de rigueur, chaque occasion est bonne pour rassembler des amis.

5 La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre en LozèreChaudement vêtus, nous descendîmes la ruelle de quelques maisons d'où s'échappent une sérénité et une bonne odeur de campagne. Il faut dire que bon nombre d'étables, petites certes, sont au niveau de la rue en dessous du logement. Roger frappe prestement contre une grosse porte en bois un peu vermoulue, à la dernière maison de la petite ruelle sombre, celle qui donne juste sur le coin de la place.

Lorsqu'elle s'ouvrit, presque immédiatement puisque nous devions être impatiemment attendus, l'antre des âges, le repaire des souvenirs, le musée du passé, un autre siècle s'offrit à nos regards mais si fortement que l'on eût dit un rêve, un mirage. Rien, pas même une bouffée de chaleur, ne sortit de cette cuisine, ou chambre, ou débarras, ou le tout en même temps je ne sais plus. Une petite ampoule crasseuse et faible, couverte d'un chapeau plat, non pas de porcelaine comme l'on en voit dans toutes les campagnes ou comme chez nos grands-mères, mais en acier plus ou moins peint, plus ou moins rouillé et qui se balance à cause du courant d'air qu'avait provoqué notre arrivée.

Gaston était planté là, à côté de sa porte et s'il est content de notre venue annoncée déjà depuis quelque temps, rien ne le laisse paraître si ce n'est un bonjour tout sec, peut-être même en patois, en occitan, mais bien à l'image du cadre environnant. Rustre Gaston ! non pas. Timide ou intimidé, sûrement. À voir comme il gratte furtivement son béret tout lustré et presque mité, c'était sûrement cela. Son regard bleu gris qui cherche nos visages ne peut effacer le poil rude des joues, ni le mégot humide et éteint qui semble suspendu dans le coin d'une lèvre un peu rieuse. Le col de sa chemise rayée est bien boutonné sur son cou ridé et je crois que seul le gilet noir, dont la poche de droite cache une montre en or accrochée à sa chaîne, empêche de savoir s'il l'avait mise juste aujourd'hui. Le large pantalon de flanelle sou-tenu par de grosses bretelles, tombe en godillant sur de vieilles galoches noircies. Nous ne voulons pas entrer car il reste encore dans nos narines le fumet de la soupe et du lapin sauté blottis près de la cheminée chez Roger, et nos ventres capricieux nous crient de très vite retourner là-bas. par Pierre Pinton. Histoires du sud. Couverture Editions Publibook La chasse aux grives sur le Causse de Sauveterre

 

L'Etoile à La Bastide-Puylaurent en Lozère

Ancien hôtel de villégiature avec un grand jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), Cévenol, GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, Montagne Ardéchoise, Margeride et des randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente.

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